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Vierge de douleur de Germain Pilon

Vierge de douleur de Germain Pilon

Atelier de Germain PILON (attribué à)

France

seconde moitié du XVIe siècle

Terre cuite

Dépôt de l’église de Bray, Rully, 1983

Classé au titre des Monuments historiques

Inv. D1983.2.2

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La Vierge est représentée assise sur un rocher et pleure la mort de son fils, le Christ. L’abondance et l’aspect bouillonnant des drapés renforcent l’image dramatique de cette mère éplorée, tout en témoignant de la grande virtuosité du sculpteur dans son travail de modelage.

Cette œuvre est un des derniers témoins d’une des grandes commandes artistiques de la Renaissance française. En hommage au roi Henri II, sa veuve, la reine Catherine de Médicis, fait édifier par l’artiste italien Primatice (1503-1570) une chapelle funéraire circulaire. Accolée à la basilique de Saint-Denis, où sont traditionnellement inhumés les rois et reines de France, elle reçoit le nom de Rotonde des Valois. Restée inachevée à la mort de la reine en 1589, cette construction est finalement démolie en 1719. Elle devait initialement abriter les tombeaux des rois Valois et plusieurs sculptures de Germain Pilon.

Parmi ces sculptures, une très belle Vierge de Douleur en marbre (1586), également appelée « Notre-Dame des Sept douleurs » a été menée à bien par Germain Pilon (1528-1590). Nous en connaissons un modèle en terre cuite, l’original en marbre et des reproductions en argile postérieures dont fait partie celle du musée de l’archerie et du Valois.

Le modèle en terre cuite

Il est polychrome et grandeur nature et a été réalisée en 1583. Il s’agit de l’œuvre la plus ancienne. Conservée un temps à la Sainte-Chapelle de Paris, elle est actuellement au musée du Louvre. La Vierge est assise sur de vrais blocs de pierre qui rajoute à sa majesté. Un rajout ancien cache le visage de la Vierge par un très large voile qui n’apparaît ni sur la version en marbre ni sur les copies postérieures. Cette statue a été évidée au revers et cuite en plusieurs morceaux re-jointés après cuisson afin d’éviter les risques d’éclatement. Les coutures ont été cachées sous un badigeon blanc qui devait également servir à donner du volume et créer des jeux d’ombres et de lumière visant à rappeler ceux du marbre de la version définitive. La polychromie plusieurs fois reprise a laissé les carnations au naturel.

L’original en marbre

Débuté en 1586, il n’a finalement jamais été installé dans la Rotonde des Valois. Nous ignorons si cette sculpture faisait partie du projet initial du Primatice ou s’il s’agit d’un rajout ultérieur. Une fois terminé il a d’abord pris place dans la salle des Antiques du musée du Louvre puis intégra en 1796 les collections du musée des Petits-Augustins avant d’être placé en 1802 dans l’église parisienne Saint-Paul-Saint-Louis où il se trouve encore. L’allongement des pieds et des mains, influence de Primatice, est moins sensible sur cette version que sur le modèle en terre cuite. On peut y voir la preuve que Germain Pilon se détache petit à petit à cette époque de l’influence du maître pour se rapprocher du style baroque. De même, l’influence du Primatice est présente dans les lignes fluides ou dans la composition pyramidale de la sculpture mais Germain Pilon s’en affranchit dans les plis complexes et enfiévrés du manteau de la Vierge.

La copie en terre cuite du musée est un dépôt de la commune de Rully. Cette émouvante statuette est une copie ancienne, probablement réalisée par l’atelier de Germain Pilon au XVIe siècle. De petite dimension, elle est très proche de la grande terre cuite originale. Réalisée par moulage elle est creuse. Un autre exemplaire est actuellement en mains privées.

Germain Pilon

Germain Pilon (1528-1590) est sûrement l’un des plus importants sculpteurs de la Renaissance française. Touche-à-tout, il maîtrisait les différentes techniques de sculptures que ce soit sur bois, en terre cuite ou en marbre (encore rare à l’époque) mais également la fonte et le ciselage du bronze.

Collaborateur du Primatice, il participe à la réalisation du tombeau du roi Henri II avec la réalisation, entre autres, des gisants, des priants ainsi que des vertus en bronze. La chapelle funéraire des Valois à Saint-Denis et la Vierge de douleur sont ses dernières grandes commandes avant son décès.

Du gothique tardif de ces jeunes années en passant par le maniérisme mesuré du Primatice, son style évolue vers le baroque dans ses dernières œuvres. Homme de son temps, il s’impose par sa parfaite connaissance de la sculpture et par des réalisations caractéristiques des goûts d’une époque qui, après avoir redécouvert l’Antiquité, l’adapte et se l’approprie.

Vierge de douleur et Vierge de piété

L’iconographie de la Vierge de douleur a souvent été confondue avec celle de la Vierge de pitié. Le thème, certes proche, diffère légèrement. La Vierge de piété est traditionnellement représentée assise, tenant le corps de son fils sur les genoux. La Vierge de douleur est, quant à elle, seule, assise sur le rocher du calvaire. Elle est la représentation même de la souffrance, sans artifice où seule l’expression du visage et du corps traduit ses sentiments.

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