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Chasuble aux armes de Crépy-en-Valois

Chasuble de l'Agneau de l'Apocalypse, vue générale à plat Anonyme

France

XIXe siècle

Coton, soie, fils métalliques

Dépôt de la commune de Crépy-en-Valois, 1986

Inv. 1986.2.1

 

Cette chasuble dorée appartient à un ensemble comprenant une dalmatique, une étole, un manipule, un voile et une bourse. Provenant de l’église Saint-Denis de Crépy-en-Valois, elle a rejoint les collections du musée en 1986. Une chasuble est une sorte de manteau ample, sans manches portée par le prêtre pour la célébration de la messe. Sa couleur dépend du temps liturgique et des circonstances de la célébration. Le doré matérialise la lumière la plus précieuse et est porté lors des jours solennels, comme Noël ou Pâques.

Que ce soit sur sa face ou sur son dos, cette chasuble est de broderies dorées en relief représentant des feuilles d’acanthe. L’acanthe est le symbole du contrôle et du dépassement des épreuves de la vie, notamment en raison de ses épines et de sa vigueur. Dans la mythologie grecque, Acanthe est une nymphe qui griffa Apollon au visage alors qu’il voulait l’enlever. Pour se venger, il la métamorphose en une plante épineuse qui aime le soleil, et qui porte depuis son nom. La feuille d’acanthe est surtout réputée pour être le motif utilisé par les Grecs sur la gracieuse colonne corinthienne.

Sur l’avant de la chasuble, en bas au centre se trouve l’un des blasons de Crépy-en-Valois : de sinople au lion d’or, au chef d’azur chargé de trois fleurs de lys d’or. Le tout est surmonté de la couronne ducale. Ce blason a beaucoup évolué au cours de l’histoire. Le lion, symbole de puissance et de justice vient des armes de Flandres. En effet, Philippe d’Alsace, comte de Flandres, était aussi comte de Valois.
Quant aux couleurs bleu et jaune, on ignore les véritables raisons de ce choix. Trois hypothèses sont avancées par des passionnés d’histoire : la première dit que le jaune et le bleu sont les couleurs royales. En effet, drapeau d’azur à fleur de lys d’or représentait généralement le royaume. La deuxième viendrait du comte de Crépy, Raoul de Vermandois (1085-1152), sénéchal de France et cousin du roi Louis VI, dont le blason échiqueté d’or et d’azur aurait donné ses couleurs à la ville. La dernière hypothèse laisse à penser qu’il pourrait y avoir un lien avec l’Ukraine et surtout Anne de Kiev !

Fait assez rare, et grâce à la présence de ce blason, il se peut qu’une partie de l’histoire de cette chasuble nous soit connue. En effet, il est fait mention sur l’inventaire du mobilier de l’église Saint-Denis à Crépy dressé en 1903 d’une « chasuble avec chiffre de la ville de Crépy », revenue après le décès de Mr Thorel. Or il existe un curé de l’église Saint-Denis nommé Clovis Thorel qui exerça de 1858 à 1879. On ne peut affirmer que la chasuble mentionnée dans les archives soit celle-ci, néanmoins ces caractéristiques semblent assez spécifiques pour laisser penser que cela puisse être le cas.

Au dos, également encerclé de feuilles et de fleurs d’acanthe, un agneau, couché sur une croix et un livre, est représenté au centre de rayons dont l’éclat est rendu par des effets de broderie et l’ajout de sequins.
Il s’agit de l’agneau mystique assimilé à Jésus dans le livre de l’Apocalypse selon saint Jean. Il est considéré comme innocent, sans péché et sacrifié pour racheter les péchés de l’Humanité et lui offrir la rédemption.
Du livre sur lequel il repose sortent 7 sceaux. En les brisant, l’agneau révèle des événements prophétiques qui ne tarderont pas à s’accomplir, dont l’arrivée des 4 cavaliers de l’Apocalypse ainsi que de grands cataclysmes. Il n’est pas aisé, à la lecture du livre de l’Apocalypse, d’en appréhender la signification qui peut paraître assez obscure. Mais pour simplifier, disons que le Christ, représenté par l’agneau, brise les sceaux et permet ainsi la révélation des évènements à venir.

Par son histoire, la finesse de son décor et la richesse symbolique de son iconographie, cette chasuble est une des plus intéressantes présentes dans les collections du musée.

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