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L’archerie

Utilisé pour la chasse et la guerre, l’arc est présent sur tous les continents : sa fabrication et son usage varient selon les ressources naturelles et les cultures locales. En Afrique par exemple, les arcs « simples » fabriqués avec un seul morceau de bois sont peu puissants mais peuvent néanmoins être redoutables si les flèches sont empoisonnées. En Mongolie, en revanche, les cavaliers utilisent des arcs « composites » d’une force extrême, faits de bois, de tendon et de corne. Enfin, au Japon, le tir à l’arc est devenu un art martial raffiné appelé Kyudo.

L’âge d’or de l’archerie en Europe est certainement le Moyen Âge. Le grand arc en if appelé longbow arme les archers anglais qui infligent à Crécy et à Azincourt de terribles défaites aux Français au cours de la guerre de Cent Ans. Le corps des Francs Archers est alors créé par Charles VII en 1448 pour intégrer l’armée royale. Par la suite, au XVIe siècle, l’arc et l’arbalète perdent leur rôle militaire au profit des armes à feu comme l’arquebuse. Le tir à l’arc n’est plus alors qu’une pratique de loisir. Il reste pratiqué dans des compagnies traditionnelles, toujours actives aujourd’hui en Picardie et en Île-de-France. Les collections du musée reflètent la richesse de leurs traditions en présentant des objets en lien avec le tir de l’abat l’oiseau ou la fête du Bouquet provincial.

Outre ces pratiques, le tir à l’arc est également une discipline olympique. Les collections du musée évoquent le savoir-faire des facteurs d’arcs et les progrès techniques dont ont bénéficié les archers, tant dans le domaine sportif que dans celui de la chasse à l’arc, réglementée en France depuis 1995.

La mythologie

Dans la mythologie grecque et romaine de nombreux dieux, déesses et personnages mythologiques sont décrits comme experts dans le maniement de l’arc. La flèche en elle-même est un symbole ambivalent tantôt porteuse d’amour, tantôt pourvoyeuse de mort. Ceci s’inscrit dans la vision dualiste d’Eros et de Thanatos, à l’origine de la cosmogonie antique.

Arme de chasse, arme de guerre

Il y a 400 000 ans, l’Homo Erectus chasse avec un épieu, lance en bois dont l’extrémité pointue est passée au feu pour plus de rigidité. Cette arme reste pratiquement identique jusqu’à l’arrivée de l’Homme de Néandertal (250 000 av. J.-C.) qui y ajoute des pointes en os et peut-être en silex. Avec l’Homme de Cro-Magnon (43 000-12 000 av. J.-C.) les techniques de chasse évoluent encore grâce à l’invention du propulseur. Ce crochet lui permet de lancer la sagaie plus loin en prolongeant la longueur de son bras et en multipliant sa force par un effet de levier. Le plus ancien connu, a été retrouvé à Combe Saunière, en France, et aurait 17 000 ans. Il est difficile de dater le passage du propulseur à l’arc car le bois et la corde se conservent très mal. Les plus anciennes flèches retrouvées sont en pin et ont été découvertes à Stellmoor, en Allemagne : elles ont 12 000 ans. L’excellente facture de ces flèches nous laisse penser que l’invention de cette arme est en réalité bien antérieure. L’usage de l’arc perdure jusqu’au milieu du Moyen Âge. L’apparition des armes à feu le déclasse cependant, tant pour la chasse que pour la guerre.

Aux États-Unis, de retour de la Guerre de Sécession (1861-1865), les frères Thompson redécouvrent la pratique de l’archerie suite à leur interdiction d’utiliser des armes à feu en tant qu’anciens sudistes. Ils publient leurs exploits dans Witchery of Archery (1878) et participent ainsi au regain d’intérêt pour la chasse à l’arc. De nos jours, la chasse à l’arc est également pratiquée en Europe et tous les types d’arc, qu’ils soient droits, classiques ou à poulies peuvent être utilisés. En France, la chasse à l’arc est réglementée depuis 1995.

Les arcs droits, descendants de la Préhistoire, sont pour la plupart constitués de lamelles de bambou et de fibres synthétiques. Aujourd’hui, les facteurs d’arcs proposent des modèles uniques faits sur-mesure en fonction des caractéristiques et des goûts de chaque tireur.

L’arc classique ou recurve, est à double courbure. Plus court et plus maniable, il emmagasine plus d’énergie que l’arc droit. Ces arcs classiques imposent au tireur de connaître parfaitement sa force de traction et de régler son arc à sa juste puissance afin que le tir soit efficace et constant.

L’arc à poulies ou compound est inventé en 1969 par Holless Wilbur Allen. Cet arc équipé d’un système de câbles et de poulies emmagasine encore plus d’énergie qu’un arc classique et augmente la vitesse de la flèche de 60% environ.

L’archerie extra-occidentale

L’arc est un objet usuel présent sur tous les continents, que ce soit en Afrique, en Asie, en Océanie ou aux Amériques, il reste un objet incontournable du quotidien. Chaque culture a conçu son arc en fonction de ses besoins et des matériaux disponibles dans son environnement. Les collections extra-européennes du musée mettent en valeur ces différences et ces particularismes tout en insistant sur le caractère universel de l’archerie.

Les traditions de l’archerie

Le musée a été créé en 1949 par Roger Scart, archer et passionné par le patrimoine de sa région : le Valois. L’archerie traditionnelle a toujours occupé une place prédominante dans les collections. Le tir à l’arc traditionnel est un patrimoine vivant et encore largement pratiqué en Picardie, en Île-de-France, dans le nord de la France, en Belgique et en Angleterre. Le musée dédie une importante salle à ces traditions, l’occasion de faire découvrir les particularismes et les points communs de ces pratiques régionales, qui ont chacune pour socle la perpétuation de disciplines pluriséculaires et leur transmission.

À l’instar de toutes les traditions, celles de l’archerie évoluent constamment afin de s’adapter aux changements de la société. Objets et archives audio-visuelles sont les témoins de ce patrimoine en perpétuelle évolution. Le Musée de l’archerie et du Valois rend, de fait, un hommage mérité à cette diversité de traditions qui ont conduit à sa création et font de lui, aujourd’hui encore, la plus grande collection publique d’Europe consacrée à cette thématique.

Pratique sportive et olympique

Tout en étant une arme, l’arc et les flèches sont également un jeu d’adresse. Autrefois entièrement dévolu à la chasse ou à la guerre, le tir à l’arc nécessitait un entraînement soutenu qui constituait aussi un loisir pour les archers. Cette dimension ludique s’est renforcée lorsque, pour ces domaines, l’archerie a été écartée au profit de l’utilisation des armes à feu. Désormais, il s’agissait d’avantage d’un « noble jeu », aux règles très codifiées, respectant un même impératif de performance.

Des sociétés de tirs du XVIIIe siècle aux clubs fédéraux actuels, de l’arc droit en bois à l’arc à poulies en carbone, la discipline et les technologies ont considérablement évolué, au fil des modes et des innovations techniques, mais aussi des événements historiques nationaux et internationaux.